
Avant la visite de M. Trump, M. Poutine autorise pour la première fois des fonds occidentaux à vendre des actifs russes gelés
À la veille d'un appel téléphonique avec Donald Trump, Vladimir Poutine a dévoilé sa dernière ouverture aux États-Unis. Pour la première fois en trois ans de guerre, il a signé lundi un décret autorisant les principaux fonds d'investissement américains à vendre les titres russes gelés qu'ils détiennent. Cette décision intervient alors que les médias américains rapportent que la Maison Blanche étudie les carottes qu'elle peut offrir à Moscou, la reconnaissance potentielle de la Crimée en tant que territoire russe étant sur la table.
- Vladimir Poutine a signé un décret autorisant dix fonds d'investissement américains et britanniques à vendre leurs actifs en Russie. La liste des entreprises montre clairement que les actifs en question sont des titres russes, dans lesquels les investisseurs non-résidents détenaient d'importantes participations avant la guerre. Au 1er février 2022, les non-résidents détenaient environ 20 % des obligations d'État russes (OFZ). Parmi ceux qui ont reçu le feu vert pour vendre figurent certains des plus grands fonds occidentaux qui ont investi en Russie, notamment Franklin Templeton, GMO, Jane Street et Baillie Gifford.
- La décision de M. Poutine constitue une étape importante : aucun fonds d'investissement occidental n'a encore été en mesure de se retirer ou de vendre des titres bloqués en Russie. Ils n'ont pas été nationalisés, mais les actifs ont été transférés sur des comptes bloqués, dits comptes séquestres de type C, dont l'argent ne peut être retiré sans l'autorisation des autorités russes. Au total, ces comptes contenaient des actifs d'une valeur de 500 milliards de roubles (6,4 milliards de dollars) en mars 2023, a rapporté Bloomberg, citant des données de la Banque centrale.
- L'acheteur, mentionné dans l'ordre de Poutine, est le fonds spéculatif peu connu 683 Capital Partners, basé à New York. Mais ils ne les garderont pas longtemps. M. Poutine a également autorisé deux entités juridiques russes, LLC Cepheus-2 et LLC Sovremennye Fonds Nedvizhimosti, anciennes structures de Sber, qui sont très probablement toujours liées à la banque d'État, à acheter les actifs à 683 Capital Partners.
- Qui est 683 Capital Partners et pourquoi est-elle impliquée en tant qu'intermédiaire dans la transaction ? Selon la Securities and Exchange Commission des États-Unis, à la fin de 2024, 683 Capital Partners gérait des actifs d'une valeur de 1,6 milliard de dollars (un montant minime dans le monde des fonds spéculatifs) et ne comptait que 10 employés. L'entreprise semble n'avoir rien à voir avec la Russie. Mais The Bell a immédiatement remarqué que le fondateur et directeur du fonds, Ari Zweiman, a étudié à Stanford et à Harvard exactement dans les mêmes années que le directeur du RDIF, Kirill Dmitriev, qui est aujourd'hui l'un des négociateurs avec les Américains, et qui se concentre sur les questions économiques. En réponse à une question sur son éventuelle association avec Zweiman, Dmitriev a déclaré : "Je ne connais pas, ni moi ni la RDIF n'avons jamais eu de contacts avec ce fonds".
- L'autorisation de ces accords intervient un jour avant un appel téléphonique entre Poutine et Trump, au cours duquel les deux parties discuteront(1, 2) des conditions de la fin de la guerre en Ukraine. Trump lui-même a déclaré lundi soir que la conversation aurait lieu dans la matinée (c'est-à-dire le soir, heure de Moscou). M. Semafor a affirmé que la Maison-Blanche examinait diverses options sur ce qu'il fallait promettre à Vladimir Poutine pour qu'il accepte un cessez-le-feu en Ukraine - y compris, semble-t-il, la possibilité de reconnaître la Crimée en tant que territoire russe.
Pourquoi le monde doit-il s'en préoccuper ?
Le schéma de vente des actifs russes des fonds d'investissement américains décrit dans l'ordonnance de Vladimir Poutine semble suspect. Pour une raison ou une autre, les fonds occidentaux vendent leurs actifs à un intermédiaire qui revendra ensuite les titres à une entité russe. Il ne peut y avoir que deux bonnes explications à un tel schéma : la protection des vendeurs occidentaux contre la menace de sanctions, et des pots-de-vin pour les acteurs intermédiaires (très probablement les deux).